Mon nom est Charlotte et je viens de Kuujjuaq au Nunavik. J’ai grandi dans ma communauté avec ma famille, mes frères et mes sœurs. J’ai appris l’Inuktitut en premier et ensuite l’anglais.

Quand j’étais jeune, je vivais selon le mode de vie des Inuit. Je faisais du camping la plupart du temps, mais nous allions aussi chasser et pêcher. Je me souviens que nous allions faire du patin à glace avant toutes les technologies. Ça c’était dans les années 80. On patinait tous les hivers et l’été, la patinoire devenait un terrain de baseball. Cet endroit, je ne peux pas l’oublier. C’était la place des jeunes pour se rassembler, pour nous d’être ensemble et d’apprécier la vie. J’ai seulement gardé des bons souvenirs parce que si on se souviens des mauvais, ils te rattrapent. Il y a le bon côté de moi, le mauvais côté de moi et moi au centre. Nous devons rester dans le centre.

J’avais la meilleure relation avec mon père. Un jour, il devait venir à Montréal pour son travail et il m’a invité à la place de quelqu’un d’autre. Il a amené sa fille préférée, moi. Donc, je l’ai suivi et je n’ai jamais quitté Montréal. J’étais sensé resté seulement une semaine, mais j’ai fini par vivre ici. J’aimais tellement ça. C’était il y a quelque chose comme 35 ou 37 ans. Je ne connaissais personnes à Montréal, je n’avais aucune connaissance. Lentement, j’ai commencé à connaître des personnes de la rue et c’est comme ça que j’ai fini dans la rue.

Au début, c’était difficile de se débrouiller avec les autres refuges comme OBM et les autres. Je ne comprenais pas un mot de ce qu’ils me disaient. Après plusieurs années, ils ont commencé à dire qu’un endroit pour les Autochtones allait ouvrir. J’ai demandé où et ils m’ont parlé du premier refuge de PAQ. Au début, je n’aimais pas vraiment ça parce que c’était du drame sans fin. Mais quand j’ai commencé à connaître Adrienne, la première directrice de PAQ, j’ai commencé à aimer ça parce qu’elle voulait aider les personnes itinérantes comme nous.

Ce que j’aime de PAQ, c’est que tout le monde s’entraide. On s’assure que personne n’est malade et que personne est dehors tout seul. C’est une belle communauté, mais avec différentes communautés ensembles. Il y a des gens du Nunavik, du Nunavut et de toutes les autres Premières Nations. PAQ m’a aidé à m’assurer de ne pas rester dans la rue et m’a aidé à être plus positive.

Maintenant, je vis dans les chambres de transition de PAQ. Quand PAQ a déménagé dans la nouvelle bâtisse, Adrienne m’a dit que je pourrais être une des personnes qui va vivre ici. Dans ce temps-là, je ne pensais pas que je pourrais, mais maintenant je suis ici! Matthew, le coordonnateur de la transition, cherchait quelqu’un qui n’était pas alcoolique, pas un toxicomane et qui ne mettrait pas la place sans dessus dessous. Donc j’ai été choisi pour vivre ici. J’aime beaucoup ma chambre. C’est beau et tranquille et il n’y a pas de drame tout le temps.

Sinon, je fais du ménage, je m’assure qu’il n’y a pas d’alcool autour de moi. Je fais de mon mieux pour ne pas être une personne de la ville, parce que c’est difficile de vivre en ville. Il y a trop d’alcool and beaucoup d’autres choses. Je veux dire, c’est juste là, on peut juste le prendre! Aussi, avant la COVID-19, je faisais beaucoup de chose comme aller camper. Mais depuis mars 2020, je ne suis pas certaine de ce que je peux faire. La COVID est arrivé tellement vite et sans qu’on ne l’ais invité! Au moins, j’ai pu participer au programme de Life Skills à PAQ et j’ai beaucoup aimé ça. Ça m’a permis de continuer. J’ai appris qu’il y avait différentes vies dans la ville et différentes vies en général. C’est ce que j’ai aimé. Dire la vérité et être ouverte.

Je ne crois pas que je vais retourner chez moi au Nunavik parce que trop de mes amis et membres de ma famille sont décédés. J’ai de beaux souvenirs d’eux, mais je ne suis pas certaine de savoir comment le prendre. Les gens meurent constamment. J’ai perdu mes 3 frères, ma sœur, mon père et mon groupe d’amis, donc, des fois, je me demande ce qu’est le but de la vie? Quel est le but de vivre et d’être une personne gentille quand tout le monde à qui je tiens meurt?

Aussi, je ne suis pas certaine de savoir quoi faire dans l’avenir. Je travaille encore là-dessus parce que, venir du Nord et vivre dans le Sud, il y a une grosse différence. Je rencontrais des plein gens et je faisais toutes sortes de choses, mais c’est différent maintenant. J’espère que plus de personnes blanches irons dans le Nord pour vivre l’expérience de ce que les gens disent. Je veux que les blancs vivent le mode de vie Inuit, le vivre, l’apprendre et l’aimer. Les personnes Inuit vont vous accueillir et vous montrer. Ça, c’est le mode de vie Inuit. Pas d’alcool, pas de drogues, juste la vie.

Pour les personnes Autochtones à Montréal et à PAQ, j’espère qu’ils retournent chez eux parce que la vie en ville, ce n’est pas une vie, pas pour les Inuit. Vous ne pouvez pas vivre comme les hommes blancs le veulent, donc retournez chez vous s’il-vous-plaît. Et aussi, arrêtez de boire, d’être jaloux et négatif et allez camper et voir les gens de votre communauté.