Maya est Innue de la communauté Ekuanitshit Mingan. Arrivée à Montréal en 2017, cette femme travaille aujourd’hui dans une firme d’architecture, est poète et fait partie de la grande famille de PAQ en étant membre du CA.

Elle a grandi tout près de sa communauté dans une famille d’adoption choisie par sa mère biologique. Maya a donc vécu une adoption traditionnelle où la famille d’adoption reste toujours en lien avec la famille biologique. Elle a toujours su d’où elle venait et a eu des parents adoptifs qui ont su lui donner les bons outils pour affronter le reste de la vie.

Lorsqu’elle était petite, elle se souvient de passer beaucoup de temps à la plage et d’y faire des feux, de regarder la mer et d’y voir des baleines. Elle allait aussi visiter ses grands-mères biologiques, mais il était difficile d’établir un lien puisqu’elles ne parlaient pas la même langue, car Maya n’a pas appris l’innu-aimun, mais bien le français. Elle se souvient aussi des moments moins joyeux comme les difficultés vécues dans la communauté et l’alcoolisme. Elle commence à écrire à l’adolescence et ne s’est jamais arrêté, car cela apaisait ses tourments identitaires. Maya ne trouvait pas sa place dans la société et a fait des tentatives de suicide. Elle vivait entre les deux mondes, les deux réalités et était rejeté des deux côtés. Aussi, elle a vécu son adolescence sous la crise d’Oka, ce qui est difficile pour une jeune autochtone. « J’ai vécu mon adolescence sous la crise d’Oka, ça vous forge un caractère si ça ne vous le détruit pas. »

Maya a fait des études à l’Université Laval. Par contre, il a été difficile pour elle de trouver sa voix puisque le modèle universitaire n’est pas adapté aux cultures autochtones. « Quand je suis arrivée à l’université, ça été un grand choc culturel. J’ai vraiment eu des moments difficiles, mais je me suis fait des amis. Et je me suis rendu compte que j’ai eu à faire mon chemin, mon propre parcours scolaire. » Celle qui a su se composer son parcours universitaire a aussi eu l’aide d’un mentor, une personne qui l’aide à grandir dans une société où elle ne fait pas partie de la culture dominante. « Je pense qu’en tant qu’Autochtone qui veut évoluer dans cette société et faire sa place, un mentor est indispensable. Le rôle de mentor ce n’est pas de te suivre pas à pas, c’est de donner des grandes lignes de vie et de sages conseils. »

Maya est venu vivre à Montréal à cause de son emploi. En 2017, elle a été contactée par la firme d’architectes EVOQ. Ils voulaient créer un poste pour inclure une vision autochtone dans leur entreprise. Pour Maya, c’est une excellente nouvelle que les entreprises et les organismes non-autochtones commencent à créer des liens avec les différentes communautés. « C’est une espèce de soudain réveil des organisations non-autochtones de trouver des gens qui sont capable de faire les ponts entre les communautés et les non-autochtones, mais des ponts solides. Et des gens qui ont le tact aussi de vivre entre les deux cultures. Ce n’est pas évident de trouver des gens comme nous. »

En arrivant à Montréal, elle a senti une certaine solitude. Quand les Autochtones arrivent dans une grande ville, ils connaissent un peu les gens de la communauté, mais ce n’est pas toujours facile de vivre comme eux. Aussi, il est possible d’avoir un sentiment de peur dans la ville et pour le contrer, elle avait besoin d’apprivoiser Montréal. Maya l’a fait au départ avec la Wolf Pack, un organisme qui vient en aide aux itinérants le soir dans les rues de la ville.

Cette femme a connu PAQ grâce à un collègue de EVOQ et a ainsi appris que l’organisme recherchait des gens, surtout des personnes autochtones, pour occuper son CA. À cause de son parcours intéressant de poète et de femme impliquée dans la communauté autochtone de Montréal, PAQ lui a demandé d’assister à son CA. Ainsi, en venant manger lors des réunions du CA, car « la bouffe est bonne! », mais surtout en voyant des visages différents et les impacts qu’un conseil d’administration peut avoir sur la communauté, Maya a décidé de s’impliquer.

Dans son rôle de membre au CA, elle amène surtout des commentaires et une pensée plus autochtones. Par contre, en tant que femme autochtone, elle est très impliquée sur le terrain avec la Wolf Pack. Elle s’implique dans la cause itinérante autochtone parce qu’elle est très touchée par l’humanité qu’elle y retrouve. En travaillant proche de la communauté autochtone de Montréal « on acquière une sensibilité, on acquière des connaissances, on acquière des informations qui sont pour moi hors de prix. »

Pour Maya, la mission et les valeurs de PAQ devraient être plus connues de la population Montréalaise. Le fait de bâtir des alliances entre les autochtones et les non-autochtones, l’hébergement à court, moyen et long terme, mais surtout l’accompagnement et le travail du personnel mérite d’être découvert.

Cette poète aimerait que sa carrière d’écrivaine continue comme elle est en ce moment. Avec la publication de son premier recueil de poésie en septembre 2019 et un prix au Indigenous Voice Award pour ce même recueil en juin 2020, elle a beaucoup d’autres projets à son calendrier. Un de ses objectifs de carrière artistique est que sa visibilité ne soit pas utile qu’à elle, mais aux autres aussi. « Parce que quand je rentre chez moi le soir, ma visibilité ne m’est pas très utile, mais je me rends compte qu’elle peut faire du bien à d’autres. »

Pour la communauté autochtone, elle souhaite ne pas tomber dans l’exclusion, autant du côté des autochtones que des non-autochtones. Elle aimerait que la communauté autochtone soit capable de reconnaître ses alliés et de ne pas les rejeter. Mais surtout, elle voudrait que cette communauté soit plus visible dans la ville et que les non-autochtones s’adaptent à cette présence et non que la communauté doive s’adapter. Elle souhaite aussi plus de reconnaissance envers les Autochtones, envers leurs histoires et leurs apports. Maya voudrait que les peuples autochtones essaient « de célébrer un peu, ensemble, le fait qu’on soit encore là, qu’on est jamais disparu et ce qu’on peut s’apporter l’un l’autre. »